Si un jour, il vous prend l’envie, tout comme moi, de découvrir le sentier Marcel Estruch, parcours que l’on appelle aussi « les Balcons de la Sainte Baume » prenez le temps de lire ces quelques lignes.
Le matin du vendredi 7 novembre, par un temps magnifique, je me suis dit qu’une petite randonnée me ferait du bien, de plus j’en profiterais pour faire des photos d’un coin qu’en 39 ans de résidence au Plan d’Aups je n’ai jamais parcouru. Equipé de mon appareil photo, de deux objectifs et d’un pied photo (vous verrez plus loin dans le texte l’importance de toujours avoir sur soi un pied photo) me voilà prêt !
Au départ du Paradis, un petit sentier longe le bas de la falaise, un peu en surplomb de la forêt qui s’est parée des couleurs d’automne, c’est déjà magnifique. Le marquage du sentier en pointillés jaunes est bien visible jusqu’à la moitié du parcours entre le Paradis et le chemin du Saint Pilon. Bien sûr il y a tout de même des passages périlleux, des chaînes ancrées dans la roche permettent de franchir ces difficultés sans trop de risques (mais mieux vaut ne pas souffrir de vertige, ni avoir un malaise à ce moment de la randonnée). A cet endroit, j’ai gagné en altitude, je suis à mi-hauteur de la falaise, sur ma droite des à-pics impressionnants, à gauche au dessus de moi des falaises de toute beauté, dès lors, je comprends l’appellation « Balcons de la Sainte Baume », la vue dégagée me livre un panorama splendide.
Un peu stressé par les difficultés grandissantes, j’essaie de me persuader que le plus dur est passé, que cela va aller mieux. Bien au contraire, le marquage devient plus dur à repérer, au point de m’obliger, souvent, à revenir sur mes pas pour tenter un autre itinéraire. Je surplombe, loin en bas au milieu de la forêt, la maison forestière. C’est là que le marquage à disparu, les lieux deviennent alors angoissants : des à-pics vertigineux et au-dessus des falaises infranchissables. Mais où est donc passé ce sentier ??? Rebrousser chemin… impensable, se faire prendre par la nuit sur ce tracé c’est l’accident assuré, d’autant que j’ai pu voir, avant de perdre mon chemin une plaque commémorative fixée dans la falaise qui rappelle, qu’à cet endroit, un accident mortel est survenu en 2005. Donc je persiste, espérant trouver un débouché sur les crêtes, jusqu’au point de me retrouver complètement bloqué à flanc de falaise, debout sur un arbrisseau qui ne demandait qu’à s’esquiver. Opportunément un autre arbrisseau se situait au niveau de ma tête, je m’y suis agrippé, surtout lorsqu'en me retournant j’ai pu mesurer la situation dans laquelle je me trouvais : autour de moi plus aucune prise pour m’échapper, celle par laquelle j’avais pu me hisser là s’étant effondrée… J’étais totalement bloqué avec sous mes pieds 150 à 200 m de vide, Brrrr !!! C’est à ce moment-là que j’ai trouvé une autre utilité à mon pied photo, si lourd mais si solide… Je l’ai glissé dans une faille et m’y suis accroché pour m’assurer, il m’a sans doute sauvé la vie en soulageant l’arbrisseau qui à tout moment pouvait céder sous mon poids.
Après dix minutes de réflexion, n’ayant pas d’autre issue, je me suis résolu à appeler les secours. Ce sont les pompiers du GRIMP qui sont venus me récupérer sur mon arbrisseau et qui m’ont hélitreuillé. C’est ainsi, juste avant la tombée de la nuit et en hélicoptère que j’ai pu finir ma randonnée, sain et sauf.
Je tiens à remercier tous les pompiers qui sont intervenus et tout particulièrement ceux du GRIMP qui n’hésitent pas à mettre leur vie en danger pour sauver celle des autres. Et je ne saurais oublier mon brave pied photo sacrifié, il est resté planté dans la faille.
Pour l’avenir : il me semble assez peu réaliste d’interdire ce sentier, par contre finir le marquage de celui-ci et mettre juste avant la zone dangereuse un panneau informant des précautions à prendre et des risques que l’on peut encourir me parait indispensable. Informé, je n’aurais pas emprunté ce sentier seul et dans ces conditions.
Donc, mêfi… Ne faites pas comme moi, avant de vous engager sur un parcours de randonnée que vous ne connaissez pas, renseignez-vous !
Hervé DUCLOS