Le nouveau collège de Saint Zach'

(photo datant de avril 2009 extraite de varmatin)

C’est pas que ça me mette vraiment en joie l’idée que mon Clair de Lune entre en cinquième au nouveau collège de Saint Zach’. J’aurais franchement préféré qu’il continue où il avait commencé, au collège Ubelka. Cette route où tomber sur un bus peut donner lieu à une marche arrière aussi longue qu’hasardeuse me fait un peu peur, pas de parapet, un méchant ravin, du verglas en hiver…. Il paraît qu’ « on ne peut pas faire autrement ». Alors allons-y. Et puis tiens, allons donc le voir, ce collège tout neuf.

Me voilà descendant la vallée de la Sambuc, coincée derrière un traînard à 35 km/h, imaginant les embouteillages de huit heures moins le quart…. Haut les cœurs, de toute façon « on ne peut pas faire autrement ». Et au bout de ma patience et du parfum du diesel qui me précède, voici le rond point du collège. Et voici le collège. Enfin, voici le chantier. Nous sommes au mois de Juillet, je m’interroge. J’ai peu d’expérience en matière de BTP, mais j’ai fait bâtir ma maison. Je ne vois pas bien comment le collège pourrait être achevé et prêt à accueillir ses élèves le 2 Septembre, même en y travaillant la nuit. (Du reste ils travailleront la nuit...)

Le mois de Septembre n’est vraiment pas loin quand je tombe sur ma voisine à la boîte aux lettres en bas du chemin. Son blondinet entre en sixième cette année. « Tu ne sais pas ? C’est l’hallu, qu’elle me dit, j’arrive pas à y croire ». Et elle me raconte. Elle me raconte le proviseur qui l’a reçue sur le parking, parce qu’il n’a pas de bureau. Pas de téléphone. Pas d’informatique. Sur le siège du passager de sa voiture, une pile de dossiers d’inscription. Dans sa main, son portable. Dans ses yeux, la brillance des illusionnés qui font enfin surface. Des toupies chargées de béton formant un fond sonore. Peut-être pas de cantine pour vendredi. Ma voisine, gardant le sens d'un humour qui lui ressemble, lui suggère aimablement de donner un petit mot écrit aux élèves, afin que les parents fournissent un repas froid pour la journée du vendredi 4 ?

Son sens des responsabilités ayant le pas sur celui de l’humour, la voilà qui se rend à la Mairie, ce qui lui ressemble fort peu. Expliquant à notre Vincent communal ses doutes et ses craintes, lequel réagit avec l’énergie et la verve qui le caractérisent. Voilà notre Vincent pendu au téléphone, le verbe haut, remuant le Conseil Régional avec une certaine efficacité. Le téléphone, sans lequel l’accueil des élèves se révèlerait simplement illégal, sera mis en service (la ligne était installée, il manquait simplement l’installation intérieure). D’autres problèmes surgissent : comment nos sportifs en herbe vont-ils se défouler dans une totale absence du scolaire gymnase ? Le gymnase municipal sera donc réquisitionné, faisant fi des associations locales. Je sens qu’il y aura beaucoup de déplacements en autobus de nos collégiens. De rancoeur de la part des habitants de St Zach' qui ont leurs habitudes gymniques. De toute façon, « on ne peut pas faire autrement ».

Arrive le 2 Septembre. Clair de Lune prend sagement le bus, aller et retour. Pas beaucoup de commentaires au soir de cette journée pourtant inaugurative, sinon que la peinture est si fraîche que son Tee-shirt en a fait les frais. Que toutes les salles de classes ne sont pas équipées de bureaux et encore moins de chaises. Le résumé est aussi laconique que mon Clair de Lune. Je vais devoir attendre le lendemain pour en savoir un peu plus…

La tignasse blonde de mon petit voisin fait irruption au bout du chemin. "Bonjour !!! " Il s'assied en tailleur au soleil près de Clair de Lune. Les deux gamins me tournant le dos, j’écoute leurs commentaires concernant leur nouveau royaume. « T’as vu, il n’y avait même pas de craie, heureusement que la prof l’a apportée, avec son chiffon » « Et toi, tu les as eus les manuels ? » « Ben non, ya rien de rien ». (N'y compte pas avant Noël, m'assurent d'expérience les travailleurs de l’Education Nationale)  « Tu sais qui tu auras comme prof en EPS ? « « Non, y avait pas de nom, et toi ? » « Moi pareil ». "Même pas de table de ping pong, c'est nul" "M'en fous je sais pas jouer au ping pong" "Tu te rends compte de la chance qu'on a ? Je suis sûr qu'on est les seuls du département à aller dans un collège tout neuf " "Ouais, même pas fini !!!" Et les deux collégiens de pouffer. Je me dis que tout ça n'a vraiment pas l'air crédible aux yeux de nos gosses.

Descendant chercher Rayon de Soleil à l’école primaire (encore une autre histoire…) je tombe sur la maman de mon blondinet de voisin. Qui me raconte "la saucisse sur le gâteau". Ce matin, jeudi 03 à 7 h 05, le chauffeur du bus apprend aux parents qu’il n’a aucune directive pour exécuter le trajet de retour entre le collège et le Plan d’Aups. Affolement des parents qui partent au boulot pour le restant de la journée. Que va t’il se passer ? Une maman (qui a « pris sa journée ») va se rendre en Mairie, où notre Vincent, toujours « Haut et Fort » va hausser le ton auprès de l’Inspection Académique, du Conseil Régional, de ???? qui de droit, pour finir par obtenir, ouf pour tout le monde, le retour par bus ce jour de nos collégiens en herbe.

Y a vraiment pas moyen de faire autrement ?

Publié par : Plume d'Oie

Comments

[Pie Bavarde]

Dire qu'on se plaint pour l'école primaire !